La perle de Tahiti est le fruit d’une longue aventure. Lorsque vous portez un bijou orné de ce joyau marin, c’est toute la Polynésie et son histoire qui vous illuminent.
Et quelle Polynésie ! Atolls coralliens, eaux cristallines, lagons bleus et verts, cocotiers qui se balancent au gré des alizés, tel est le décor dans lequel s’inscrit le long processus d’élaboration de la perle, majoritairement dans les lagons de l’archipel des Tuamotu, dont la richesse de l’écosystème permet le développement d’une faune sous-marine extraordinaire, et notamment celui de l’huître nacrière Pinctada margaritifera.
Berceau de la perle de Tahiti, cette coquille de nacre aux variations de couleurs est en effet utilisée depuis des siècles par les Polynésiens, pour la fabrication d’outils du quotidien et de pêche, d’ornements, et associée à la féminité, au costume de deuil ou à la lune.
À partir de la fin du XIXème siècle, et grâce à l’intervention humaine et à l’arrivée de la technique japonaise de la greffe dans les années 1960, la portée symbolique de la nacre et de la perle, si elle n’a pas disparu, a été complétée par le développement de la perliculture, l’exploitation dans des fermes perlières construites sur pilotis.
Le naissain, jeune huître perlière, est placé avec les autres sur un support d’élevage et immergé dans le lagon pendant trois ans. Au terme de cette période de croissance, le greffeur, qui a l’habileté d’un orfèvre, insère dans le sac perlier du mollusque le nucleus, une petite bille provenant de la coquille d’un bivalve d’eau douce du Mississipi qui fera office de cœur de la perle, ainsi que le greffon, couche de nacre prélevée sur une huître perlière. La nacre est ensuite replongée sous haute surveillance et attentions constantes dans le lagon pendant une période obligatoire de deux ans minimum, au cours de laquelle sont régulièrement vérifiés la température de l’eau, l’environnement végétal et animal. Le greffon, s’il a pris, recouvre le nucleus d’une couche de nacre plus ou moins épaisse, plus ou moins uniforme, qui deviendra une perle.
Le taux de réussite de cette intervention n’atteignant que 30 à 50%, la perle est donc aussi une histoire de chance. Il arrive que l’huître rejette le nucleus, mais que le greffon fabrique tout de même de la nacre et forme une petite perle très irrégulière, plus sauvage donc très prisée, (dont le prix se calcule au gramme) et tout aussi iridescente : le keshi.
La qualité de la perle et son prix sont établis selon plusieurs critères : la forme, le calibre (de 8 à 14 mm), l’orient (l’irisation) et le lustre (la brillance) qui en forment l’éclat, auxquels s’ajoutent la qualité de la surface correspondant au pourcentage d’imperfections présentes, qui se distingue en cinq catégories :
- Top Gemme, la perle n’a aucun défaut
- A, infimes défauts
- B, imperfections légères
- C, défauts sur 2/3 de la surface
- D, nombreuses irrégularités
Si la forme ronde est d’ordinaire la plus estimée, les autres formes (ovale, goutte/poire semi-baroque, baroque ou cerclée) sont également très appréciées pour leur singularité et pour l’originalité qu’elles apportent aux bijoux.
Enfin, la perle de Tahiti s’est longtemps appelée Perle noire, Poe rava en langue tahitienne, en raison de la couleur sombre de la nacre qui la caractérise, unique parmi les perles des mers du Sud. En réalité, si la couleur de base de la perle est noire, l’irisation obtenue au gré des courants lagonaires nutritifs et grâce à la nature de l’huître perlière, permet à la perle de Tahiti de se décliner en un éventail aux mille couleurs, du bleu au vert, en passant par le pourpre aubergine, l’argent ou même l’arc-en-ciel.
Par une remarquable alchimie, la nature, aidée de la main de l’homme, crée donc avec la perle de Tahiti un joyau unique. Elle peut se porter seule ou assemblée à d’autres éléments, simples ou précieux, qu’elle sublime de son scintillement si particulier.